Yoh Asakura, le vrai dude : un modèle de jeunesse inattendu
Je profite du retour de Shaman King, dans les chaumières, pour coucher quelques mots afin de partager cet élan de nostalgie qui me caresse depuis que j'ai pu feuilleter, plus tôt dans la journée, le premier tome réédité et augmenté du manga d'Hiroyuki Takei. Pour résumer grossièrement, Shaman King, ça parle de médiums capables de matérialiser les esprits des défunts sous une forme stylée, à chaque chamane son Spirit attitré, lancés dans une grande aventure afin de déterminer qui sera le roi des chamanes lors du tournoi des chamanes qui a lieu tous deux ou trois cents ans et du couronnement du roi des chamanes dépend, bien évidemment de l'avenir du monde en fonction de la bienveillance ou de la malveillance de ce dernier. Shaman King, c'est de la Madeleine de Proust totale pour moi. C'est mon premier manga, avec le vrai Yu-Gi-Oh!, à type shonen (comprendre "manga pour garçons ados") quand j'étais collège. Ce qui était séduisant en plus du mythos posé inspiré par la culture amérindienne et chamanique, ce sont tous avec les airs de JoJo's Bizarre Adventure que le manga possède tant il est gavé de personnages ultra-stylés au look improbable, où leurs pouvoirs Spirits étaient clairement des Stands de JoJo... Enfin, de toute façon, JoJo a inventé tout ce qui existe dans le shonen moderne donc bon... (et ce ne sont pas YuYu Hakusho, HunterXHunter, Yu-Gi-Oh! et Persona qui viendront contredire). C'était mon retour au monde du manga après en avoir été privé par mes parents, sûrement dans une démarche bienveillante de leur part, qui m'avaient interdit d'en regarder et d'en lire car "c'est violent, c'est débile". Autre époque, autre mentalité, le choc des cultures avait quand même été ultra violent chez Dorothée. Une de mes grosses défaites d'enfant étant de ne jamais avoir vu la fin de l'ascension du Sanctuaire des Chevaliers du Zodiaque... Mon dessin-animé préféré, dis-toi, alors quand les rediffusions sont arrivées sur AB1 à coups de cinq épisodes par après-midi c'était le buffet deluxe pour moi, mais c'est pas le sujet.
Je voulais juste parler rapidement de Shaman King car revoir les premières pages du manga m'ont rappelé l'impact qu'aurait son héros sur le tournant qu'allait prendre ma vie, la construction de moi et mes choix. Yoh Asakura, personnage principal, n'avait pas grand chose de commun avec les héros braves et courageux habituels que l'on connait des épopées en général... Il ne partage pas de grands principes humanistes spécifiquement et ne part pas à l'aventure pour sauver le monde. Non. Yoh est un flemmard. Un putain de fainéant qui passe son temps perdu dans la lune. Socialement laissé en marge à cause de son côté "bizarre" hérité par sa capacité à tailler une bavette avec les fantômes du coin, Yoh a tout du mec nébuleux et son leitmotiv a été une révélation. Quand les évènements se précipitent et le contraignent à prendre part à un combat ancestral, il le fait pour une chose, une seule : pouvoir vivre tranquille.
La claque.
Un héros de fiction à qui je peux enfin m'identifier réellement à l'âge de 14 ans. Cet ado marginal et mis de côté parce qu'il est "bizarre" (j'aurais dû demander un centime à chaque fois qu'on m'a dit que j'étais un mec zarbi, je serais plus riche qu'Elon Musk aujourd'hui) avec ses goûts chelous [sans faire de parenthèse non plus sur ma sensibilité extra-sensorielle d'empathe vu qu'on est des mystiques du côté Europe de l'Est/Balkans de ma famille], plus qu'un poil dans la main mais une touffe, un look atypique, le casque audio soudé sur la tête, son but dans la vie... pouvoir vivre au calme, tranquillement à base de tranquilade et pépèrement à base de pépérade (je mérite l'échafaud pour celle-ci), même quand viendra le moment important de trouver une cause importante à défendre et accessoirement un sponsor... Ce sera avec le Funbari onsen (une source d'eau chaude). C'est moi. On tient le gars branleur au possible, écolo, au but de vie le plus noble au monde : être pépère. Et ça, tu vois, ça a changé ma vie, inconsciemment à l'époque, mais ça a suffisamment chamboulé mon petit Moi pour qu'aujourd'hui, quand je regarde en arrière, mon parcours et l'adulte que je suis devenu, comment je le suis devenu et mes objectifs de vie, je me dis... Yoh Asakura a été un modèle. Un modèle inattendu et insoupçonné, certes, mais un modèle quand-même. Ouais.
N'oublie jamais que la seule liberté qui importe, c'est la liberté d'être bien.
Arigatō gozaimasu.
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