Music to walk home by (édition 2018)




Non pas que j'ai une quelconque prétention de partager mon top 10 des albums de l'année 2018 comme beaucoup le font -comme si votre avis importait, sans déconner- enfin si ça t'intéresse, sers-toi. Je vois ça comme un mémo à moi-même afin que le moi du futur puisse revenir lire ces quelques lignes en se rappelant sur quoi il a pu groover en cet an de grâce Deux-Mille Dix-Huit après Jésus Christ, la BO de l'année de ses trente ans.

Sans classement hierarchisé...

Converge - Beautiful Ruin
Underoath - Erase Me
Nine Inch Nails - Bad Witch
Beartooth - Disease
TURNSTILE - Time and Space
Muse - Simulation Theory
Cane Hill - Too far gone
THE PLOT IN YOU - Dispose
The Fever 333 - Made an America
Parkway Drive - Reverence

Comme souvent, et c'est forcément aussi le cas pour toi, les albums qui marquent sont souvent ceux qui t'accompagnent durant les instants marquants, positifs ou négatifs. 2018 a été une particulièrement riche en émotions pour moi, de vraies montagnes russes, et je pense que c'est aussi pour ça que mes disques sonnent FORT. Le dernier EP de Converge, écouté tardivement vers novembre, a été mon hurlement de décharge, une synthèse salvatrice en quatre titres d'une tristesse profonde, d'un mal de vivre, d'un spleen ; l'angoisse du temps qui passe, la solitude, la nostalgie, la culpabilité et l'ennui. Ce disque m'a amené à extérioriser, à verbaliser , mes propres tourments particulièrement après avoir eu l'angoisse de ma vie de perdre ma moitié et quand je parle de perdre, ce n'est pas au sens commun d'une rupture, non. Plus grave. Un jour peut-être j'en griffonerai quelques lignes cryptées afin de conserver une certaine pudeur tout en lui offrant une forme d'acceptation. D'un autre côté, Muse est arrivé à point nommé avec sa friandise de Noël via Simulation Theory, un album aux habits de synthwave guimauve rétro-nostalgique tout en puisant dans ses propres sources afin de de balancer un disque unique, parfois facile certes, mais dont l'efficacité de chaque titre en fait un single imparable taillé sur mesure pour les perigrinations nocturnes dans les transports parisiens que pour leurs futurs concerts, un joyeux Noël selon Muse, c'était presque aussi cool que le regard illuminé de ma fille en ouvrant ses cadeaux. Parkway Drive a juste fait mon été, encore un album polémique mais j'aime ça, ils sont les rois du heavy metal actuel, les nouveaux Machine Head et c'est sûrement le meilleur crû du genre de l'année.  The Fever 333 a été l'occasion de réentendre les gars de Night Verses, The Chariot et letlive au sein du même groupe complètement allumé, incisif, politique et enragé ; comme une sorte de croisement de Linkin Park, Enter Shikari et Transplants sous redbull. Le genre de groupe dont on a besoin aux USA sous l'ère Trump, ce groupe est le prochain GROS TRUC à venir. Quelques mots sur Cane Hill qui confirment qu'ils sont le meilleur groupe américain depuis leur arrivée dans le milieu, avec une identité forte qui puise autant dans le noyau-dur du heavy des années 80/90, de Pantera à Korn, de Soundgarden à Nine Inch Nails ou de Slipknot à Deftones, plus qu'un revival, ils ont su incarner ces sons, les digérer et en faire une recette 100% bayou inhospitalier, anxiogène et psychiatrique. Une claque qui pourrait être le meilleur album de 1995 mais en 2018.

Et mes 3 outsiders.


Je l'ai attendu avec autant d'excitation que d'appréhension, témoin de la relation toxique que j'entretiens avec Dir en grey ; The Insulated World a d'abord été une douche froide sûrement parce que je désirais fortement que la bande abandonne le son inutilement heavy et surproduit qu'ils traînent depuis 2012. Retour pour le groupe qui fait ses armes dans le rock progressif et le metal extrême de façon toujours plus poussive et poussée depuis 10 ans, ce dixième album se veut comme un retour au brut, au simple des débuts. Toujours avec ses grosses influences de metal industriel et de punk rock, on perd en complexité technique ce que l'on retrouve en spontanéité, en ambiances plus aériennes quasiment post-rock sur la deuxième partie du disque et de fraîcheur purement visual kei au service d'un propos très fort sur la dépression et la mélancolie et enjolivé par l'ingé son de Bring Me The Horizon : Dan Lancaster. Sur The Insulated World, Dir en grey est sans filtre, Kyô écrit et crache sans se cacher derrière ses formules alambiquées habituelles. Un album qui fait du bien et dont le vrai potentiel live est encore à révéler.



Raceless est un OVNI, sorti de l'esprit très créatif des ex-Smash Hit Combo : Maxime Keller et Anthony "CHON" Chognard, ainsi que des gars de Lyre le Temps, combo electro-swing redoutable qui mérite davantage de reconnaissance. Mission ? Clasher les deux identités et obtenir un super-album complètement barré. Résultat ? L'équation est étrange, SHC + LLT = System of a Down, aussi incroyable que cela puisse paraître. Involontairement, je peux dire que les mecs ont composé, avec Duality, le nouveau SOAD à l'insu du vrai groupe et l'ont peut-être même mieux fait qu'eux. En ressort un metal exotique aux mélodies swing vaporeuses où chaque refrain se tatoue dans ta tête, où chaque break réveille la douleur de tes cervicales... Et puis, l'esprit Smash Hit Combo avec ce qu'il y'a de rap et de djent servi par de vrais textes inspirés qui ne font pas qu'enchaîner des références gratuites toutes les deux rimes, ça relève le niveau et c'est profondément salvateur. Ce qu'on souhaite ? Un CD physique voire un vinyl et des concerts.



Quant à Gunship, les mots sont inutiles. C'est LA bande de synthwave immanquable formée par les membres de Fightstar. Deux albums, deux sans-faute.



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