#TBT : mon premier contact avec Slipknot
Je vais céder à la mode du #TBT et en même temps causer un petit peu, sûrement histoire d'ajouter du contenu. C'est toujours plus intéressant quand tu y vas de ta petite histoire avec ton objet de nostalgie. Pour ce jeudi, tu vas avoir droit à ma première fois (sic) avec Slipknot, à la base 9 tarés masqués venus de Des Moines, dans l'Iowa et bien là pour faire beaucoup de bruit.
Même s'il est aujourd'hui un de mes dix albums cultes, ma première approche avec cette entité metal qu'est Slipknot n'a pas été un coup de cœur immédiat. De mémoire c'était en 2002, j'étais en 4ème au collège, et il y'avait ces deux skaters dans la classe qui m'ont fait effleurer le metal (enfin, le néo metal pour l'époque) avec des noms comme Soulfly, Pleymo (qui sortait Medecine Cake), Watcha, Machine Head, Deftones, Rammstein... et Slipknot. Comment te dire ? Comment trouver les mots adéquats pour décrire à quel point je n'ai rien compris à ce qui m'arrivait quand mon déflorage auditif avec le premier album des Ricains en costumes a eu lieu ? Retranscrire ce sentiment de folie lors de la première écoute, jamais retrouvé ailleurs depuis ?
J'étais pas prêt et pour être franc, je confesse que ça m'a fait peur, normal je te parle en tant que gars pour qui Linkin Park, capté tard le soir sur une chaîne de clips du câble, atteignait déjà des vrais sommets de violence, de gueulardise et de dinguerie ; ce que ma mère appelait communément "de la musique de cinglés". Ces guitares sursaturées, cette cacophonie entretenue par les machines, une batterie ultra-violente chapeautée par des percussions anarchiques et un aboyeur enragé derrière le micro, l'imagerie horrifique du groupe, ça sonnait comme un moteur de vieille bagnole qui crachotte. J'imaginais les types dans une cave obscure entrain de tout démonter, laissant exprimer leur musique malsaine toute en pulsions négatives dans un carnaval à la gloire de Charles Manson et Leatherface. J'ai littéralement pris un 33 tonnes en pleine gueule dès la première chanson, "(sic)" et j'avoue ne pas avoir être allé au-delà de la piste 5 "Surfacing". Je savais plus comment je m'appelais ni où j'habitais après avoir retiré le casque audio. Avec les potes, on plaisantait le lendemain en se disant "mais mec, si j'écoute ça tout seul dans le noir, tu me retrouves avec un couteau dans les mains et des envies de meurtre !", enfin remarque j'en menais pas large et même si mon ressenti premier était que cette musique n'était rien d'autre que du bruit calibré pour les fous, le groupe a su faire naître une fascination en moi. T'es ado, les trucs extrêmes t'attirent et tu veux pas avouer qu'un truc t'a foutu les boules... surtout pas un CD. Pourtant c'est cette fascination et ce fantasme du groupe qui m'ont servi d'excuses pendant les 2 ou 3 années suivantes. J'avais vite compris que j'avais pas emprunté la bonne porte pour me frotter au genre agressif du metal -oh que non- ; en même temps c'est une porte que t'ouvres et où tu te fais rouler dessus directement par un poids lourd, sans sommation, ça refroidit.
Finalement, ce sera plus tard par le biais de Pleymo et le phénomène de groupe de potes qui gravitent (gravite ? Qui gravite ? Le groupe ou les potes ?) autour qui me feront retenter le truc concrètement. Je parle de Pleymo, combo qui me paraissait plus accessible en majorité, que je saignais en boucle (parce que Team Nowhere Represent, tout ça, tmtc) et qui brassait comme une grosse locomotive ses influences américaines, majoritairement californiennes, pour distribuer sa ration de pains à son public. Reste que leur chanson "Kubrick" (Medecine Cake en 2002) sur laquelle je me déboîtais les cervicales était justement un compromis habile entre Limp Bizkit et... Slipknot, encore eux, putain. Mon srab Seb (on a tous eu un srab qui s'appelait Seb, mens pas) qui deviendra le batteur du groupe de rock de nos jeunes années plus tard, me faisait remarquer la ressemblance frappante entre la "Kubrick" de Pleymo et "Eyeless" de Slipknot qui pour moi était un souvenir lointain de bruit, de riffs qui sonnent comme des tronçonneuses et de cris furieux au nombre de "fuck" et "motherfucker" incalculable.
Et vas-y, j'ai pu me mettre en jambes correctement et affûté mes tympans à tous ces sons de beuglards aux guitares saturées dans les tons sur-graves et ça a matché pour de bon cette fois. J'étais à la fois réconcilié avec une ancienne frustration et la satisfaction de pouvoir appréhender la musique de ces mecs pour laquelle je nourrissais une étrange fascination presque fantasmée à partir de souvenirs passés (douloureux ?). C'était aussi à l'époque où le groupe est passé dans MTV Select et je sais pas si tu te rends compte du truc : Slipknot chez Mouloud Achour et China Moses. SLIPKNOT CHEZ MOULOUD ACHOUR, c'était aussi improbable que fou... comme leur passage à Nulle Part Ailleurs en 99. Tu comprends avec le recul pourquoi le genre du metal est souvent catalogué au rang de son pour les ados ; ça fait beaucoup de bruit, ça peut même foutre les jetons, ça donne un genre anticonformiste et ça permet de braver les interdits, les inconnus. On joue au concours de celui qui écoute le truc le plus violent et extrême possible et même si les têtes de plomb du milieu s'amusent à tourner un groupe comme Slipknot en ridicule, les taxant de faire du commercial "pour MTV et les prépubères", on sait tous que leur premier album reste un des disques les plus tarés de l'histoire du metal et qu'encore aujourd'hui il donne des leçons. Je persiste et signe mais tu peux trafiquer tes breakdowns avec toute la plus belle volonté du monde, celui d'une chanson comme "Eyeless" reste une claque venue de très loin. Tu peux faire tous les refrains les plus chocofondants de l'univers, t'atteindras pas facilement le niveau hymne d'une "Spit it Out" et surtout "Wait and Bleed". A part en allant chercher parmi les formations obscures underground ultra premier degré, les combos qui font naître un tel sentiment d'hostilité à partir de quelques accords et de textes qui racontent n'importe quoi et particulièrement n'importe comment sont pas légion, encore moins chez ceux qui ont percé et rencontré un tel succès public et critique.
A ce jour, alors qu'ils ont pris le chemin d'une musique plus aérienne et adulte, loin du nawak de leurs fougueuses jeunes années, ils ont su comment rester parmi les patrons du metal-jeu avec de plus en plus de grandiloquence sur scène, un joyeux bordel digne d'une cour de récré pour trentenaires et quarantenaires et ça s'assume comme tel, avec beaucoup de dérision et je pense, quelque part, que c'est ce qui fait partie de la magie de Slipknot : un sens véritable du second degré derrière un concept poussé et joué à fond. Même vieillis, mêmes amoindris, leur concert parisien en janvier 2015 résonne en moi comme une consécration et surtout comme une des plus fortes mandales sur scène.
A ce jour, alors qu'ils ont pris le chemin d'une musique plus aérienne et adulte, loin du nawak de leurs fougueuses jeunes années, ils ont su comment rester parmi les patrons du metal-jeu avec de plus en plus de grandiloquence sur scène, un joyeux bordel digne d'une cour de récré pour trentenaires et quarantenaires et ça s'assume comme tel, avec beaucoup de dérision et je pense, quelque part, que c'est ce qui fait partie de la magie de Slipknot : un sens véritable du second degré derrière un concept poussé et joué à fond. Même vieillis, mêmes amoindris, leur concert parisien en janvier 2015 résonne en moi comme une consécration et surtout comme une des plus fortes mandales sur scène.
En résumé, Slipknot : bordel mec, j'ai tellement rien compris mais putain qu'est-ce que je les aime. Votre prochain album sera sûrement le dernier alors, s'il vous plaît, donnez-tout et partez comme des rois.
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