Billet d'humeur : le backlash de The Last Jedi


Hors chronique, j'aimerais revenir sur la polémique que crée le film actuellement. Un backlash assez fou qu'est entrain d'essuyer Rian Johnson à tel point qu'il est obligé de donner depuis quelques jours sur les réseaux sociaux tous les codes de décryptage de son film. Les mauvaises langues (habituelles) raillent déjà que c'est le témoin d'une écriture scabreuse et d'une narration à la ramasse, j'y réponds que c'est plutôt un pas en avant d'un cinéaste souhaitant permettre à toutes et tous, précisément les frustrés par sa démarche et les rabat-joies de service, de comprendre ses intentions et de capter son caractère derrière le film.

Je m'adresse plus particulièrement aux saints guerriers qui pensent qu'être "un vrai fan" (notion absurde) rime avec être aigri, agressif et insultant envers les personnes ayant eu le malheur de posséder un point de vue opposé au leur. Vous n'avez pas aimé The Last Jedi ? Vous l'avez aimé ? Très bien ! Grand bien vous en fasse mais arrêtez, s'il vous plaît, déjà de prouver quotidiennement qu'on a échoué en tant qu'Espèce et surtout de casser les couilles pour des futilités. CE N'EST QU'UN FILM ! On respire un grand coup, ça va aller.

On aime les films pour soi, j'aime les films pour moi ; pas pour m'identifier à un quelconque groupuscule élitiste et méprisant. Je comprends le besoin de s'attacher à des groupes, à des communautés, à des codes afin de se construire en tant que personne mais soyons honnêtes, vos réactions d'enfants gâtés capricieux sur les réseaux sociaux : c'est de la merde, point. Je comprends parfaitement cet attachement à Star Wars mais vous avez élevé cette saga, cette licence, ce produit commercial et mercantile au statut de véritable religion et vous de fanatiques. Toute tentative de débat, bien que je crois plus à l'échange qu'au débat, est minée dès le départ et n'aboutira à rien. Dans cette escalade ce n'est, au mieux pas constructif, au pire dangereux. De plus, c'est celui qui a passé un bon moment devant son film, son livre, son jeu, qui aura raison car rien ne le convaincra que son émotion ressentie n'était pas légitime. Plus loin encore, celui qui a tout gagné : c'est le producteur qui empoche nos pauvres sous. On est tous des victimes de ce système, c'est beau de gueuler contre mais en l'état c'est continuer à l'alimenter. Boycottez sinon, pas sûr que ce soit franchement plus efficace mais au moins c'est plus intelligent.

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Tentez de penser en tant qu'individu plutôt qu'en tant qu'émissaire d'une communauté hardcore. Stoppez de vous conditionner bêtement ou d'essayer de conditionner autrui par le dictât du bon goût, soyez vous-mêmes ! Si vous ne vous reconnaissez plus dans The Last Jedi, tant pis ! Laissez couler, les gars. Ne pleurez pas, ne regrettez pas, soyez heureux que "votre" Star Wars s'en retourne à la Force et renaisse. Yoda disait très justement que l'attachement mène à la jalousie, à l'ombre de la convoitise il grandit. Votre attachement en roue-libre à cette licence fait de vous des êtres haineux et, entre nous, je ne suis pas convaincu que ce soit vraiment ça que vous enseigne les préceptes de votre saga chérie. Rien ne vous enlèvera jamais votre Star Wars et votre perception de votre Star Wars. Les forcenés de la première heure auront toujours leur trilogie originale et l'univers étendu qui y est lié, de même avec le public fou de la seconde trilogie et ses dérivés. Les petits ne viendront rien vous voler, juste faîtes leur un peu de place et laissez-les kiffer.

Rien ne vous appartient, ce ne sont que des films, apprenez à partager, apprenez à lâcher prise ; c'est le thème principal de The Last Jedi. Désapprenez tout ce que vous avez appris. The Last Jedi est grand, deviendra culte avec le temps malgré toutes vos tentatives pour le dynamiter. Sur quoi je me base ? Que c'était le destin de l'Empire contre-attaque, tout simplement. Last Jedi sera l'Empire contre-attaque de cette nouvelle génération de fans à qui il s'adresse, il se bonifiera avec le temps auprès de ce public car le film est trop sombre, trop adulte, pour de jeunes spectateurs à l'heure actuelle. Je sais, moi-même gamin j'avais du mal avec Empire, lui préférant Le Retour du Jedi alors qu'aujourd'hui c'est le film d'Irvin Kershner qui trône dans mon cœur.  Si ça peut vous aider à passer la pilule, le projet initial de George Lucas pour son Episode VII à lui était très similaire à ce huitième volet canonique. Si papy voulait déjà prendre cette direction, ça constitue pas un argument suffisant pour beaucoup d'ultras du fandom ? Il paraît que sa parole est d'or. Même Mark Hamill, notre Luke Skywalker devant l'éternel, est revenu sur ses doutes et propos très durs à l'encontre de la direction de son personnage pour ce film avant de voir le montage final.

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Tout le monde est à chaud actuellement, à cette merveilleuse époque des réseaux sociaux où l'on n'a jamais été autant connectés les uns aux autres et aussi isolés les uns des autres, jamais rien n'est réfléchi ni posé. Dans ce contexte, une oeuvre qui bouscule vos habitudes et si clivante n'a sûrement pas sa place. Une fois que la frustration, la colère et le déni, soit les premiers pas dans le processus du deuil, seront passés, ça ira mieux. Patience.

Utilisez toute cette belle énergie pour vous enrichir intellectuellement et humainement, soyez pas rétrogrades. Étudiez, lisez, écrivez, construisez, devenez activiste de Sea Shepherd par exemple ! Il existe un nombre incalculable de causes plus importantes et de problèmes plus graves et urgents que de se bouffer le nez sur un film et savoir qui est "vrai" ou "faux" fan. Ça me rend dingue de voir un gars d'extrême-droite poussé par la mouvance identitaire avoir programmé un bot pour saboter la moyenne spectateurs de Rotten Tomatoes, on atteint des degrés de n'importe quoi plutôt balèzes.

Il est quand même important de rappeler qu'un cinéaste comme Rian Johnson a été libre de faire absolument tout ce qu'il voulait, ne lui donnant absolument aucune obligation de faire le film vous attendiez, que moi j'attendais et ça, au sein d'une entreprise accusée de formater toutes ses productions et d'imposer un cahier des charges scrupuleux, étouffant le désir créatif... c'est un beau pied de nez et ce n'est pas le premier cette année. Prenez Les Gardiens de la Galaxie vol.2 ou Thor: Ragnarok qui ont également joui d'une carte blanche similaire. D'autres studios comme Warner Bros devraient en prendre de la graine, on éviterait à nouveau des Suicide Squad et Justice League bis.

Adhérez ou n'adhérez pas mais n'oubliez pas ce qui fait de vous des êtres illuminés et non de la simple matière brute. Nous sommes les derniers Jedi, déconnons pas, les petits comptent sur nous. Ne devenez pas le prochain Kylo Ren.

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Je vous laisse vous détendre avec la chanson la plus adaptée pour cette situation de crise.

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